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INTERVIEW DE MME ESPÉRANCE MILAND, ARTISTE SLAMEUSE

Dernière mise à jour : 11 févr. 2021

Pour rappel, cette interview est destinée à la rubrique « ART & CULTURE » du site web de La Maison de l’Afrique. En effet, cette dernière a été créée pour faire découvrir et mettre en avant les talents et acteurs du monde artistique et culturel africain.


 

Espérance MILAND plus connue sous le pseudonyme de SlaMiland, est une artiste slameuse originaire et basée à Pointe-Noire au Congo. Membre très engagée de Styl’Oblique, association qui propose des ateliers d'écriture et de prise de parole en public, elle y animait entre autres des ateliers de poésie urbaine, avant d’initier son propre atelier ‘Femme à l’oral’. Talent incontestable, elle a à son palmarès 3 victoires sur les 4 concours nationaux de poésie et de slam auxquels elle a participé.



1. Pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques lignes ?


Je suis Espérance Miland, slameuse congolaise, modératrice d'ateliers Slam et chroniqueuse radio.

Le Slam et moi c'est une très longue histoire d'amour. Depuis ma plus tendre enfance, j'adore écrire des poèmes et des comptines pour enfants. J’avais des cahiers pleins d’écrits mais j’ignorais qu'il y’avait une discipline artistique dans laquelle je pouvais partager mes écrits, jusqu'au jour où j’ai rencontré Gilles Douta, artiste slameur et instructeur de slam à l’Institut Français de Pointe-Noire, qui m’a fait comprendre ce qu'est le Slam. Je me suis dit : « Mais c'est ce que je fais déjà ! » J'ai tout de suite ressenti le truc qui accroche et c'était parti.



2. Parlez-nous un peu plus en détail de l’atelier « Femme à l’oral » ?


Femme à l'oral est un atelier de Slam que j'ai conçu et qui s’adresse particulièrement aux femmes comme l’indique son nom. C'est un atelier au cours duquel on met l'accent sur le fait que la femme doit prendre la parole, libérer sa parole et s'exprimer. Il s'agit également de montrer la manière dont le Slam justement, peut-être ce canal d'expression dont la femme a besoin. Ce sont les principaux avantages selon moi, pour les femmes et surtout les jeunes filles, de faire du Slam.



3. Le slam est une discipline unique mêlant musique et poésie. Pourquoi le choix de cette discipline ? Quel constat faites-vous de l’état de cet art oratoire aujourd’hui en Afrique ?


Chaque fois qu'on me pose cette question, je ne sais trop quoi répondre. Ce n'est pas un choix que j'ai fait de façon réfléchie ou pour lequel je me suis posée et ai passé en revue toutes les disciplines avant de le choisir. Le Slam m'a appelée ! Dès que j'en ai entendu parler, j'ai ressenti cette connexion profonde entre la chose et moi, étant poète à la base. En définitive le Slam m'a séduite et m’a choisie !

Aujourd’hui en Afrique, le Slam est en train de prendre de l’ampleur. C'est tout un réseau qui est en train de se mettre en place pour vraiment faire briller cet art au-devant de la scène et c'est très positif. Plusieurs poètes se sont donnés pour mission de valoriser cette discipline et c'est une chose formidable. Je pense que le Slam est en plein essor.




4. Les problématiques liées aux femmes ont une place de choix parmi vos thèmes phares. Pourquoi ?


En effet, tout d’abord parce que je suis une femme, mais cela va encore plus loin. Les injustices, les violences, la discrimination que les femmes doivent endurer au quotidien sont des choses qui me touchent de manière très personnelle. Il y’a des défis que je dois relever parce que je suis une femme et cela, sur le plan personnel, c'était déjà un combat que je menais. Mon Slam a donc naturellement suivi. C'était au départ juste un moyen d'expression de mes ressentis. Mais j'ai ensuite vu que mes textes pouvaient donner du courage, de l'espoir, qu'ils pouvaient mettre le doigt sur ces problèmes. J'ai ainsi développé ce talent pour le slam. En tant que poète je n'ai que mes mots comme arme contre ces injustices et ces violences, de fait, je les utilise.



5. En tant qu’artiste, vous mettez un point d’honneur à utiliser votre art pour faire changer les mentalités dans la société. Comment cela se concrétise-t-il ?


Changer les mentalités, d’abord, en veillant à toujours véhiculer le bon message dans mes textes. Je m'efforce à ce que le message fasse réfléchir, fasse prendre conscience qu'il faut que les choses changent. Et en atelier entre deux Slams, je prends toujours un peu de temps pour faire comprendre le pourquoi de ce que nous faisons, l’impact que nous voulons que cela ait sur la façon de penser des gens… Si l’on ne vise pas un objectif noble, autant laisser tomber je pense.

L'art est quelque chose d’intrinsèquement lié à l'homme. Il fait vibrer sa corde sensible et le rend plus réceptif à un message. L'artiste devrait utiliser cela pour essayer d’améliorer les choses et conscientiser. C'est comme cela que je conçois la chose.



6. Où puisez-vous votre inspiration ?


La source suprême de mon inspiration est Dieu. Je Lui demande tout le temps de mettre des paroles pleines de sagesse dans ma plume. Et, de manière plus concrète, une conversation, un fait que j'ai observé, une musique, une image ou un autre poème que j'ai lu, peut m’inspirer. Bref, tout ce qui touche mon âme est une potentielle source d’inspiration.



7. Quels sont vos artistes africains préférés, tous domaines artistiques confondus ?


Youssoupha, Lydol, Al Fàruq, Charlotte Dipanda, Joys sa'a.



8. Pour finir, quel est votre actualité du moment ou votre prochain projet ?


En ce moment je travaille sur un projet de spectacle. En temps voulu, je donnerai plus de détails sur mes réseaux sociaux SlaMiland Officiel, Facebook et Instagram.



Merci Mme MILAND d’avoir accepté de répondre à cette interview pour La Maison de l’Afrique.



Interview réalisée par Raïssa Gbakatchétché, le 9/12/2020.


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